Journal d’une confinée – Jour 40

26 avril 2020.


Harry Potter de J. K. Rowling. Fleetwood Mac. S’émerveiller des fleurs qui poussent.


Et voilà c’est fini.

Mon confinement tel que je le vis depuis le début prend fin demain.

Cela ne veut pas dire que je vais sortir de chez moi sans masque, aller sonner chez mes voisins, les embrasser goulûment un à un ou encore aller lécher une barre de métro. À vrai, je ne ferais pas ça en temps normal….

Non, à partir de demain je reprend le chemin du travail. Après un an de chômage et 40 jours de confinement, je vais me vêtir de mon plus beau bleu de travail et sortir de mes petits problèmes de privilégiées et d’angoissée de la vie pour aller me rendre utile.

Et ça me met en joie.

J’ai appris que j’avais été engagée le lendemain de mes 30 ans (qui ont eu lieu lundi). C’était comme un cadeau de l’univers.

Je redoutais d’avoir 30 ans. Bien sûr à cause de toutes ces injonctions qu’on met sur le dos des jeunes femmes et des attentes de la société. Avoir 30 ans me mettait face à ces fameuses « check-list vie » où tout ce que je n’avais pas coché (et pour lequel j’ai encore le temps d’avoir envie d’y penser à les réaliser) prenaient plus de place que ce que j’avais accompli. Je n’avais pas prévu d’être au chômage si longtemps. Non, la petite privilégiée que je suis ne pensait pas une seconde qu’une recherche d’emploi serait si compliqué. Qui ne voudrait pas de moi ?

Même si je chéris ces privilèges (surtout maintenant que je les déconstruis) parce qu’ils m’ont permis de grandir en pensant que seulement le ciel est la limite, ils rendent le coup sur la tête très puissant et violent.

Un coup qui fait du bien, certes. Mais un coup quand même.

Alors que voila à 30 ans +1 jour, je reçois ce fameux appel que j’ai failli ignorer car comme tout millennial qui se respecte, j’ai une petite phobie du téléphone. Ce fameux coup de téléphone qui me dit que l’on m’a enfin choisie. « Bravo, tu as passé le cap de fêter tes 30 ans chômeuse et confinée. Pour te féliciter, on a un cadeau pour toi: un boulot. Un que tu voulais, qui plus est. En vrai, on y est pas pour grand chose, c’est plutôt un hasard de calendrier. C’est toi qui t’es donnée la peine d’y arriver. Tu as tenu bon, tu as tenu le choc, et tu ne t’es pas tant plaint que ça, et surtout tu n’as fait que 76 banana bread depuis le début du confinement. »

Surmonter ses peurs, quelle satisfaction !

Alors confinement chéri, on se quitte bons amis car on ne se sépare pas tout de suite. Le temps que tu trouves un appart et une autre planète à aller ennuyer. En attendant, je ne vais pas te faire l’offense de recommencer ma vie sociale, je sais que ça te ferait trop de mal.
Et je respecte ce que nous avons vécu.

Mais, mon petit Coco, ne t’éternise pas. Les ruptures qui durent 100 000 ans, ça ne fait du bien à personne. Je ne voudrais pas te détester et devoir expliquer à mes amis que je ne peux pas les recevoir tout de suite car comme tu vis encore sous mon toit, c’est plus compliqué.

Donc n’aie pas peur de décrocher le téléphone, tu pourrais manquer une bonne opportunité.

Et moi manquer de retrouver ma complète liberté.

Bisou.

Journal d’une confinée – Jour 27

13 avril 2020.


La photo quotidienne en période de confinement sur le compte Instagram d’Audrey Pirault prise par son ami voisin. Les falafels maison. Voir pousser ses plantes.


Il y a des jours où ça va.
Et puis, il y a des jours où tu réalises que dans une semaine tu auras 30 ans.
J’en rigolais jusqu’ici.
Aujourd’hui, très peu.
Je n’aimais déjà pas l’idée de passer ce cap-là.
Mais, en confinement encore moins.

Il y a des jours où au réveil tu enchaînes 30 minutes d’exercices sportifs.
Et des jours où tu craques ton pyjama en faisant un squat.

Il y a des jours où tu prends conscience des bruits qui t’entourent.
Cela te rassure d’entendre cette vie loin de toi, ce rire d’enfant, ce cri d’un passant, ce skateboard et ce tram au loin.
La vie continue, malgré tout.
Et puis, il y a des jours où tu n’entends rien d’autre que le vent.
Celui qui vient du nord-est.
Celui que tu n’aimes pas.
Celui qui fait du bruit.
Celui qui t’angoisse.

Il y a des jours où tout va bien.
Tu n’as, d’ailleurs, pas besoin d’écrire pour calmer tes maux.
Et des jours où c’est le coeur lourd de peine, les yeux au bord des larmes et les mots au bout des doigts que tu écris pour donner un sens à ton angoisse.
Essayer de donner un sens.
Se connecter à son émotion, à sa temporalité.
S’autoriser à relativiser.
Mettre les mots bout à bout, les lier ensemble pour qu’ils n’expriment que les maux d’un instant.
D’une journée.

Car tu le sais.
Demain sera différent.
Les jours s’enchaînent et se ressemblent.
Sauf toi.
Sauf ce que tu ressens.
Demain, voire même dans une heure, tu auras le coeur plus léger.
C’est l’énergie qui reviendra.
Tu positiveras.

Mais, pas maintenant.

Tu as le droit.

Journal d’une confinée – Jour 19

5 avril 2020.


How To Get Away With Murder de Peter Nowalk. L’huile essentielle de pamplemousse. Le café glacé.


Ok, Confinement. Je suis prête.

Je suis prête que l’on se quitte.

L’ennui a fait des petits et je n’ai plus envie de cuisiner.

Tu as épuisé toutes tes cartouches.

J’ai brodé, commencé trop de bouquins que je n’ai pas eu l’énergie ou l’envie de terminer, cuisiné des recettes d’un autre monde, fait du sport sur ma terrasse car au bout du 15ème jour on s’en fout un peu de ce que les gens peuvent penser.

J’ai étudié mes voisins. Un peu trop. Je connais leurs habitudes, je sais que dans ce couple c’est le mec qui cuisine et la meuf qui pend la lessive, que cette maman seule met toujours un tabouret à la fenêtre pour que son fils puisse applaudir, que soit le salon en face de chez moi est un endroit partagé, soit le locataire à 4 petites amies différentes.

J’ai recommencé Friends pour la 26ème fois (de ma vie, pas du confinement), essayé des puzzles, entreprit des leçons de néerlandais, voulu postuler à des offres d’emplois qui n’existent pas.

J’ai contemplé le plafond de mon salon, de ma chambre et de ma salle de bain. Je me suis essayée au dessin avant de me rappeler que j’avais des limites. Du coup, j’ai tracé des lignes.

J’ai fait des gratins, des gateaux, des biscuits, des salades, des quiches, des galettes, des porridges, des petits plats et des boissons diverses et variées pour enjoliver mes journées.

J’ai participé à des appels vidéo via WhatsApp, Zoom, Skype, Messenger, Hangout, FaceTime et Whereby. J’ai joué en ligne au Pictionary et tenté un loup-garou.

J’ai écrit. Ce qui m’a fait du bien et m’a parfois fait pleuré.

J’ai fait des listes, tant de choses à faire pour prétendre une certaine productivité que d’envie pour l’après.

Je me suis lancée des défis aussi utiles que quelques minutes de sport par jour qu’inutiles tels que de laisser un peu de vaisselles sales s’empiler afin de me prouver que je ne suis pas une maniaque obsessionnelle.

J’ai autant échoué que réussi.

J’ai gommé, épilé, rasé, masqué, crèmé, coiffé, coupé, manucuré, limé, tressé, monté en chignon, lissé, crollé, ondulé, maquillé, démaquillé, nettoyé, purifié, matifié, teinté et rouge à levré.

J’ai fait le ménage, aspiré, récuré, passé à l’eau, frotté, séché, lancé des machines de linges et de vaisselles, lavé des vitres, dépoussiéré, mis du produit, laissé agir et rincé.

J’ai entreprit et abandonné aussi. J’ai essayé d’être productive et culpabilisé quand je ne l’étais pas. J’ai été bienveillante avec moi-même et ai tenté de m’écouter.

Et je me suis ennuyé.

Alors maintenant c’est bon. Confinement, j’ai donné. Tu peux arrêter de squatter mon canapé.

Merci d’être passé.

Journal d’une confinée – Jour 18

4 avril 2020.


Cher Journal,

Aujourd’hui je n’ai que la colère pour sécher les larmes de l’injustice.

Nous sommes en avril 2020, tous en train de gérer, comme on peut, les effets du confinement sur notre santé mentale et voilà que je signe une pétition pour empêcher des tests de vaccins contre le Covid19 sur la population en Afrique.

Oui vous avez bien lu.

Alors aussi dingue que cela puisse paraître, aussi abject que cette idée vous évoque je vous glisse le lien de la pétition. Signez-la. Partagez-la.

Et après on peut tous relire la lettre d’Annie Ernaux à Emmanuel Macron lui rappelant que le peuple se met en confinement mais que cela ne nous empêchera de préparer l’après.

Aujourd’hui, je ne rêve pas d’un verre en terrasse avec mes essentielles d’amies, ni de serrer mes nièces contre moi. Aujourd’hui, je rêve que ce confinement se finisse pour qu’on organise la manif du siècle. Celle qui amènera le gouvernement à démissionner, celle qui finira en bain de sang car rien (personne, aucun policier) ne sera assez fort que pour faire revenir le calme. Je rêve de crier ma colère et qu’elle rime avec celle des autres. Je rêve que les personnes qui ont sincèrement penser pouvoir tester ces vaccins sur une population choisie dans le plus grand des calmes soient condamnés à devoir se porter volontaire pour être cobaye de ce même vaccin.

Il ne manquerait plus qu’en cette période étrange un pauvre connard de boxeur ait fait une vidéo tutoriel sur comment bien frapper sa femme…

Merde. Putain.

Journal d’une confinée – Jour 14

31 mars 2020.


Les puzzles.


Il fait un peu froid. J’enfile un pull et referme doucement la porte derrière moi. Ce matin j’ai décidé d’aller prendre mon petit déjeuner à La Cuisine, mon café saint-gillois habituel. Ziggy, le tenancier, me fait un signe de tête quand j’arrive. Il me laisse appuyer sur le bouton de la cafetière car il sait que j’aime bien faire ça et m’invite à m’asseoir au soleil. Mais je préfère attendre près de la machine, je lui explique que j’irai m’asseoir quand mon café sera prêt. Comme ça il peut s’occuper des autres clients.

Je dépose quelques pièces, à peine 2 croquettes 50 et vais m’asseoir à la seule table au soleil. Je crois que Ziggy me drague un peu en ce moment. Il ne veut s’occuper que de moi et vient tout le temps me parler. Je suis polie mais j’ai mes limites. Je lui explique que je ne suis pas intéressée et que frotter ma jambe n’est pas un signe d’affection mais que c’est du harcèlement.

Je pense qu’il a compris. Quand j’ai commencé à un peu haussé la voix il s’est enfuit par la Corniche.

Une fois mon café terminé, je rassemble mes affaires, c’est-à-dire mon téléphone et me mets en route pour me rendre à mon cours de néerlandais. Comme il fait beau, je décide d’y aller à pied. J’emprunte les escaliers de la rue de l’Immeuble dans un sens, puis dans l’autre. Au centre de formation de Monsieur Enligne, je m’inscris pour la formule de cours particuliers avec la professeur Madame Virtuel.

Tot ziens, morgen

Le cours se finit un peu brutalement par ce qu’on appelle l’exercice de mise en hors ligne de la session. Je rassemble à nouveau mon téléphone pour aller rejoindre mon amie Visage. Elle n’a plus de corps depuis quelques semaines. Elle se porte bien mais j’espère qu’il reviendra.

À La Cuisine, Ziggy n’avait pas préparé ma commande. Je lui avais pourtant bien expliqué que je passerais vers midi la chercher. Il me raconte que depuis que Covid Corona a racheté l’établissement il a décidé que la particularité du lieu serait que tout est en self service. Je ne prends pas la peine de lui expliquer qu’à mon avis il va faire faillite d’ici les prochains mois. Personne n’a envie d’aller au restaurant pour faire comme à la maison. Il me fait de la peine, il est si content de son nouveau projet. Mais, je sais que d’ici quelques minutes il aura envie d’autres choses. Rien ne dure très longtemps avec lui.

Après avoir pique-niqué au Parc Terrasse de Saint-Gilles, je décide d’aller au cinéma. C’est assez étrange car aucun nouveau film est disponible à l’affiche. Même l’endroit me paraît plus petit que dans mes souvenirs. Mais ça fait longtemps que je ne suis plus venue. Mais bon, quand même, l’écran me parait très petit et il n’y a plus de popcorn à acheter. Je passe autant de temps à choisir le film qu’à le regarder. J’opte pour un film d’époque qui retrace le parcours de 6 amis qui vivent à New-York si j’ai bien compris. Ils traînent dans un café ou dans leur appartement. Enfin, dans celui d’une des filles mais elle n’a pas l’air de trouver cela problématique. Apparement, ils ont un travail mais ils ne font qu’en parler, on ne les voit jamais réellement faire quelque chose. Ça dure 25 minutes, je me sens arnaquée. J’espère qu’il y aura une suite.

Je me promène dans le quartier du Salon avant de rentrer. C’est agréable d’être à l’abri du vent même si toutes les rues se ressemblent un peu. Est-ce que je ne suis pas en train de tourner en rond ?

Avant de rentrer chez moi, je fais un dernier arrêt au Spa. J’en ai clairement besoin. Je leur demande leur habituel soin du cuir chevelu à base de shampooing et un rasage à la vénus. Miroir me dit que j’ai l’air d’une nouvelle personne. Je le quitte en lui promettant de ne plus laisser passer autant de temps avant de revenir.

Une fois chez moi, je me prépare en vitesse: un joli pull et un petit peu de rouge à lèvres. J’hésite entre mes bottines à talons ou ma nouvelle paire de Chaussettes, celle que tout le monde s’arrache ces temps-ci. Je me souviens que sur le chemin pour rejoindre les copains, je devrai passer par internet où il y a plein d’applications possibles et que je risque d’avoir mal au pied avant de pouvoir m’installer à la terrasse de l’Ecran, avec eux. J’opte donc, pour ma nouvelle paire de Chaussettes.

Après plusieurs bisous lancés à la voléé, on rentre chacun chez nous en refermant différentes fenêtres et éteignant divers écran.

Je retrouve enfin le calme de mon appartement après cette longue journée. Mon chat me tire un peu la tête mais change vite d’avis. Je le serre contre moi et lui promets que je resterai à la maison le lendemain.

Journal d’une confinée – Jour 13

30 mars 2020.


Dirty Dancing 1 & 2. Le journal de confinement d’Anna Apter sur Instagram. Le one-line-drawing.


Oui j’ai changé de titre car le mot CONFINEMENT commençait à me faire l’effet d’une petite agression. Au lieu de calmer mon anxiété, l’écrire chaque jour la réveillait, faisait remonter une boule dans ma gorge et me serrait la poitrine.

Je ne suis pas sûre du mot confinée non plus mais il me paraît plus doux, plus facile à relativiser et à mettre en perspective.

Et j’ai besoin de ça, sortir de mes angoisses et prendre le dessus. Je n’écrirai probablement pas tous les jours car très honnêtement, il n’y a rien à dire tous les jours. Ils se ressemblent tous.

C’est simple ils continuent leur vie sans demander leur reste, laissant derrière eux un vide un peu plus grand à chaque fois.

Alors afin de calmer mes névroses, je décide en ce lundi 30 mars de prendre cette expérience différemment. Cela fait plusieurs jours que j’y réfléchi mais, en bonne maniaque obsessionnelle que je suis il était important pour moi de prendre ce tournant un lundi.

Et lundi c’est aujourd’hui.

Aujourd’hui, je me fais la promesse solennelle que ça ira. Pas tous les jours, ni toutes les heures mais ça ira. Je me promets d’être douce avec moi, de prendre soin de moi, de trouver du positif tous les jours et de rire. Même seule.

Je promets de combler les silences par de la musique, de combattre l’ennui avec du dessin, de la lecture, des films, des séries et avec tout ce que l’on a à notre disposition virtuellement ou non.

Je me promets de continuer ma recherche d’emploi, même si c’est difficile par ces temps troublés.

Je me promets de lâcher prise.

De moins regarder les infos, de lire avant de dormir, de manger à ma faim, de descendre et monter les 5 étages au moins une fois par jour, de sortir marcher tous les deux jours, de ne pas trop couper ma frange, de ne mettre que des pantalons amples pour ne pas culpabiliser, de faire un peu de sport régulièrement, de continuer d’écrire ici quand le cœur m’en dit, pour que ça me fasse du bien, de ne pas penser à mes 30 ans avant le 15 avril, on verra bien assez tôt comment je les fêterai, de continuer d’appeler un proche au moins une fois par jour, d’arrêter de dire que ça va si ça ne va pas, mais ne pas rester dans cette situation, de faire des choses qui m’apaisent, me construisent, me donnent la sensation d’avoir accompli quelque chose, relativiser, de faire des exercices de respiration tous les jours, de mettre du déodorant tous les jours, laisser trainer un peu de vaisselles sales, juste de temps en temps, prendre le soleil, de continuer de danser en cuisinant, d’écrire des histoires que j’invente, de voyager avec l’esprit.

Et ça ira bien comme ça.

Journal du confinement – Jour 2

19 mars 2020


Je disparais dans tes bras de Christine and the Queens. (Toujours) Joséphine Baker de Catel et Bocquet. Request in Peace Podcast. Les cookies banane-chocolat.


8:45. Je me réveille doucement. J’ai bien dormi. J’ai même rêvé, ce que je ne fais pas souvent, voire jamais. Je perds un peu les images de mon rêve mais, je sais qu’il impliquait mon salon, mon tapis et mon canapé. Génial, l’évasion les gars. Je suis en confinement chez moi, après un an de chômage, mon canapé je le connais par cœur. Et comme je ne rêve jamais, c’était l’occasion pour vous de briller, de me convaincre que rêver c’est incroyable, c’ est voyager, vivre des trucs de fous. Car si même mon inconscient n’y met pas du sien, ça va être long ce confinement.

10:07. Je suis au téléphone avec mes grands-mères et je prends conscience que je les ai plus eu au téléphone ces derniers jours que ce dernier mois.

11:25. Je décide de remédier à mon anxiété ambiante et mes pensées sombres en posant une action. Le Samu social recherche des travailleurs sociaux pour une période de deux mois, pour les aider pendant cette crise sanitaire. Me rendre utile, travailler, tenter de trouver une solution pour tous ces sans-abris et ces personnes fragilisées dans Bruxelles me semble important. Pour donner du sens à ce qu’on vit. À ce que je vis. Alors que je suis bien installée sur ma terrasse, que ma vue est magnifique bien qu’un peu couverte, je réalise mes privilèges. Et ô combien, on n’est pas tous égaux face à une crise.

14:21. Je reçois un message de ma maman me proposant de me lancer dans l’écriture d’un journal du confinement. Elle tombait à pic car, j’avais justement commencé 5 minutes plus tôt d’en écrire un. c’est l’évidence, une fois de plus et au cas où j’en avais besoin d’une, que je dois toujours écouter ma maman.

17:56. Je décide de cuisiner. Enfin, je fais des cookies pour mes matins. Trempés dans le café c’est délicieux. Je me rends compte que mon habitude de faire les courses au jour le jour en période de confinement n’est pas la plus idéale. Je n’ai rien qui va avec rien dans mon frigo. J’ouvre une bouteille de cidre (je n’ai plus de vin non plus), fais rôtir la fin de mon butternut et fais chauffer du riz.

20:01. Toujours les frissons. Il y a plus de monde qu’hier. C’est beau.

21:10. Après un échec flagrant de Loup-garou virtuel, on tente une e-conversation vidéo avec les copains.

23:28. J’entends le tram maintenant.

Journal du confinement – Jour 1

Mercredi 18 mars 2020.


How Will I Know de Whitney Houston. On My Block de Lauren Iungerich, Eddie Gonzalez et Jeremy Haft. Joséphine Baker de Catel et Bocquet. Le Book Club Podcast de Louie Media.


8:00. Réveil en grande forme et de bonne humeur. Je suis moi-même surprise car je n’ai pas passé une nuit sereine. Et oui, l’annonce du confinement de la veille a quelque peu fait ressortir mon anxiété. En général, je suis heureuse de vivre seule. Vraiment. Mais bon, il est certain que la perspective d’être SEULE pour les prochaines semaines m’a fait ressentir mon choix comme une légère contrainte.

Challenge accepted.

9:10. Pendant mon ouverture matinale et quotidienne, un café à la main, Ziggy dans le creux de mon bras, d’instagram, je tombe sur le live enregistré la veille de Ben Platt, un acteur américain. Avec ses amis de confinement, il a enregistré une dance party. Sans plus grande introspection et réflexion, je retire mon pyjama et enfile des vêtements permettant une activité sportive. Je n’ai pas de tenue de sport à proprement parler. Le manque d’activité diront les mauvaises langues.

9:18. Je danse dans mon salon. Heureusement, l’appartement en face est inoccupé (cela veut-il dire qu’aussi longtemps que durera ce confinement, je ne peux pas espérer que quelqu’un lave ces foutus vitres qui commencent à me donner envie de leur faire une Monica ? Si tu as la ref tant mieux). Au plus je m’abandonne à mes mouvements, au plus je prends conscience du peu de chose que je suis. Et pour la première fois, cette pensée me rassure. Je n’ai pas de responsabilité, pas de travail, un chat à nourrir et des factures à payer, certes, mais je n’ai rien à faire d’autre que de rester chez moi. Et mon appartement je l’ai construit comme mon havre de paix, mon bunker. C’est ma chambre à moi. J’augmente le volume et je me connecte. Je m’éveille. Je prends possession de chaque recoin de mon appartement avec mes mouvements. A part Ziggy, personne ne me juge. Pas même moi.

Fini la rigolade. J’ai intérêt à ne pas trainer car le confinement commence à midi.

10:45. Je suis étonnée du monde en rue. Clairement, tout le monde est habité de la même urgence. À la poste, j’assiste à une scène que je n’aurais jamais pensé voir de ma vie. On fait la file sur le trottoir, 1,50m de distance entre nous pour rentrer 5 par 5 dans le bureau de poste. La voix de Macron en tête qui répète « On est en guerre », j’attends patiemment mon tour. On se sourit. Je retiens mon envie de tousser.

11:52. Je suis de retour chez-moi avec mon colis et une pizza surgelée. Y avait une file au Carrefour express, j’avais faim, j’ai opté pour le paki. C’était con. Je suis une faible personne.

13:10. Je sors mon transat dehors pour prendre le soleil. Je lis. J’écris, je brode sur un t-shirt. Je brode une phrase qui appelle à se mettre debout tout en restant affalée dans mon canapé (le temps s’était un peu rafraichit).

20:00. Il y a du bruit dans la rue. Tout le monde est à sa fenêtre pour applaudir toutes les personnes qui malgré les mesures de sécurité continuent de travailler: le personnel soignant, les pharmaciens, les travailleurs sociaux, les employés de grandes surfaces, les conducteurs de train et de transports en commun, les professeurs, les ouvriers, les agents d’entretien, les personnes qui ne peuvent pas télétravailler et qui tous les jours s’exposent au virus.

20:02. Je chiale. C’est beau ce monde qui applaudit.

Virginie Despentes, mon héroïne.

Après deux ans

Hier soir j’ai eu peur.

 

Pas parce que j’avais entendu un bruit ou vu un film stressant.

Ce n’était pas non plus car j’étais seule chez moi et que j’entendais fort le vent.

Ce n’était ni irrationnel, ni lié à l’instant.

J’étais paniquée, paralysée et je pleurais sans larmes.

Mes yeux fixaient la porte entrouverte de ma chambre.

Je ne comprenais pas.

 

Mon appartement c’est mon hâvre de paix. Un lieu à moi.

Ma chambre à moi. Et à mon chat aussi.

Ici je me sens bien, je suis libre.

Depuis que je suis à la recherche d’un emploi, j’ai eu le temps de l’apprivoiser.

Je connais ses moindres recoins et tous ses secrets.

Ses bruits sont familiers et ses défauts acceptés.

C’est l’extension de moi-même. Un lieu à moi.

 

Cependant, hier soir, je n’étais plus chez moi.

Je n’ai pas tout de suite compris. Pourtant, je le savais.

Quelqu’un allait s’introduire dans mon appartement.

Paralysée dans le silence de ma chambre, j’en étais persuadée.

Ce n’était pas irrationnel.

C’était une certitude.

 

Et c’est au bruit de ma respiration que j’ai compris.

Cette peur c’est la mienne.

Et elle porte un nom.

Trouble de stress post-traumatique.

 

Le 21 janvier dernier cela faisait deux ans qu’un dimanche matin je me suis réveillée car je sentais que quelqu’un s’allongeait dans mon lit.

C’était mon voisin.

Un matin, bourré, drogué (probablement), il a décidé de me faire la peur de ma vie.

De me voler ma sécurité.

Ma tranquilité.

J’ai changé d’appartement.

Je n’ai plus recroisé cet individu.

Je qualifiais cette mésaventure d’incident.

Je la réduisais à l’anecdote.

J’en riais. Presque.

 

Sauf que hier soir, j’ai vérifié 6 fois que j’avais fermé ma porte à clé.

Je n’ai pas mis mon téléphone en mode avion.

J’ai fait des exercices de respiration car je me sentais stressée.

J’ai lu, posé mon livre après avoir lu la même phrase une dizaine de fois.

J’ai regardé Friends.

Pris mon chat dans les bras.

Mais ma respiration ne se calmait pas.

J’avais beau avoir trouvé le sommeil c’est comme si on ne savait plus communiquer.

Mes yeux sur la porte.

Mes oreilles qui déchiffrent le silence.

Les bruits de la rue au loin. En fond sonore.

Le vent. Mon frigo.

 

Mais personne qui ne rentre dans mon appartement.

L’entretien d’embauche

Pour ceux d’entre-vous qui êtes passés par là, vous le savez ce n’est pas chose aisée de passer un entretien d’embauche.

Déjà parce que se vendre c’est chaud, ensuite parce que se vendre devant 2 ou 3 personnes (le minimum) c’est hyper compliqué. Et intimidant.

En ce moment, c’est ma routine de me preparer et d’aller à des entretiens d’embauche. J’ai toujours envie d’être ultra bien sapée et bien aprêtée. S’ils m’engagent, ils risquent d’être ultra déçus car ma base vestimentaire se compose d’un jean, tee-shirt basique et d’un pull coloré. Au pied, j’ai souvent une paire de basket ou des Doc quand j’ai envie. Mon maquillage ? Les sourcils frère, et souvent c’est tout.

Mais pour un entretien d’embauche, je fais un effort. Car comme toute femme qui se respecte (et qui vit dans une société dominée par l’image) j’ai le plus confiance en moi quand je fais un effort vestimentaire, que je suis maquillée mais comme si c’était naturel et que je porte une culotte et un soutien assorti.

Je me dis que si les (futurs) employeurs savaient le mal qu’on se donne, peut-être qu’ils feraient eux aussi un effort léger de sourire de temps en temps, de te mettre à l’aise et en confiance. Ou alors, juste de ne pas te donner l’air de retenir un pet durant toute l’interview tellement tu es gênée.

Car on a beau avoir mis toutes les chances de son côté, porté un ensemble de sous-vêtements assortis (évidemment ils ne le savent pas et ne leur dites pas, c’est mieux) et préparer nos éventuelles réponses devant le miroir plusieurs fois le matin même, on ne maitrise pas entièrement le déroulement d’un entretien. On ne maitrise pas forcément toutes les questions qu’ils vont poser. Même après plusieurs entretiens dans des domaines et organisations différents, ils arrivent toujours à te poser LA question. Celle que tu n’avais pas vue venir, même pas envisagée. Et je ne parle pas d’éventuelles questions mysogynes, car étant une femme, à ça je suis préparée. Non, je parle de LA question qui vient après une série qui n’avait que pour unique vocation : te déstabiliser. Cette question souvent elle implique que tu aies déjà travaillé pour eux et que tu aies un recul sur la fonction au point de pouvoir en faire une analyse la plus objective possible. En gros, à cette question il n’y a pas de bonne réponse. Du moins, tu ne peux pas la connaître. Du coup, t’y vas au culot, tu tentes un truc, tu imagines. C’est risqué, tu pries l’univers que ton déo bio tienne le coup car tu n’as pas le choix, tu dois répondre à la question. Si tu es devant des gens bienveillants (ce qui est rare s’ils t’ont posés cette question mais souvent, dans le groupe à qui tu t’adresses, c’est à ce moment que l’un d’entre eux a un peu pitié pour toi) une discussion va naître car ils ne te laisseront pas seule dans ta réponse. Par contre, si tu es devant des gens qui ont très peu de considération pour l’humain, même s’ils travaillent dans le social (surtout s’ils travaillent dans le social), ils vont te laisser seule, te regarder intensément en te disant que tu as le temps de réfléchir, tu peux même écrire si ça t’aide à formuler ta réponse. Tout en commençant un air nerveux avec le bouton pour ouvrir et fermer leur bic. Tu as le temps, bien sûr.

C’est à ce moment que tu comprends que certains voient en l’entretien d’embauche l’occasion de flatter leur égo. Pourquoi veux-tu travailler pour nous ? Qu’est-ce qui fait que notre organisation te plaît plus qu’une autre ? Que penses-tu de notre travail ? De notre manière de le faire ? Que penses-tu de nous ? De moi ? Est-ce que tu m’aimes ?

Biensur qu’une série des questions évoquées plus haut sont logiques mais, c’est l’attente de la réponse qui ne l’est pas. Il y a une réponse idéale qu’on ne sait pas et qui ne peut pas être sue à moins d’avoir travailler pour eux ou alors d’être ultra faux-cul. Car ce qu’ils oublient souvent, c’est que quant on est en recherche d’emploi, on postule à plusieurs choses, que ça arrive que notre seule motivation soit de trouver une activité. Mais on ne peut pas leur dire que leur offre d’emploi représente l’opportunité de troquer son pyjama pour son jean qui nous manque et de sortir de chez soi quelques heures par jour afin de ne pas complêtement basculer dans une relation dépendante affective avec son chat.

Non, ils ne savent pas non plus (ne veulent pas savoir) qu’on a plusieurs entretiens sur le feu, qu’on est en attente de réponses de la part de différentes organisations. Que ce qui nous ferait choisir l’une ou l’autre c’est probablement le salaire et le fait qu’ils veulent de nous. Non, ça ils ne veulent pas le savoir. Alors on danse ensemble ce rock infernal dont personne ne connaît les pas mais tout le monde fait semblant. Il faut donner l’impression de maîtriser. Même si tu doutes. Même si ça commence à faire mal cet enchaînement d’entretiens qui ne mènent nulle part. Même si tu t’interroges, du coup, sur ce que tu vaux, ce que tu as offrir, si tu as choisi le bon métier, s’il y a quelque chose que tu fais mal. Même si toute cette danse infernale ne te donne que courbatures a force de ne pas savoir, d’avoir le sentiment de faire genre tout le temps.

Le plus dure c’est que tu ne sais pas quand ça va s’arrêter. Alors tu continues, en donnant davantage le sentiment d’y croire alors que le cœur n’y est plus.

Livreur Deliveroo c’est une bonne situation ?

Merde… j’aime pas le vélo

Cher corps

En février dernier, j’ai eu la chance de participer à un atelier d’écriture sonore animé par l’unique et l’éternelle Mouna Imad-Eddine.

Je me suis prêtée au jeu d’écrire un texte qui serait accompagné de musique.

C’était un processus, écrire en réfléchissant à la sonorité des mots et ensuite enregistrer sa propre voix.

Pour l’atelier Mouna avait fait appel à un musicien pour qu’il puisse nous aiguiller sur la musique accompagnatrice de notre texte. Stéphane Wertz était là pour écouter nos souhaits, nous aider et réaliser le fruit de notre imagination.

C’était une expérience très particulière mais, géniale. J’ai adoré.

J’en ai profité pour écrire un texte qui me tenait à cœur, pour raconter une histoire que j’avais besoin de dire à voix haute.

Je vous laisse découvrir cela.

Voici l’enregistrement

Et voici le texte:

Corps,

Cher corps,

Mon corps,

T’écrire pour t’accepter.

T’écrire pour avancer.

Tu es maladroit, trop grand et un peu mou.`

Tes courbes ne sont pas régulières et tu es souvent essoufflé.

Tu aimes trop manger et tu ne dors pas assez.

Tu as des cicatrices, des poils sur chacun de tes centimètres carrés et des marques au creux des tes cuisses.

Tu es plié, courbaturé, rond, mou, grand, épuisé, blessé.

Tu solide.

Tu es fidèle.

Tu n’attends plus mes je t’aime.

Pourtant, je t’aime.

Je le dis pour la postérité.

Pour l‘affirmer.

Pour prendre conscience.

Pour te demander pardon.

Je te le dis pour te faire une promesse.

Celle de t’écouter.

De dormir quand tu te montres fatigué.

De manger seulement si tu as faim,

Et des aliments qui te font du bien.

Je te promets d’aller chez le médecin.

Je te promets de te regarder.

Te regarder vraiment.

De voir ces marques sur ton visage quand tu ris,

Ces points de beauté que tu n’avais pas hier.

De reconnaître tes blessures.

Ces marques qui restent après les années.

Ces cicatrices.

Ces moments de vie.

Tu es le souvenir,

Le tableau sur lequel j’ai peint mon histoire.

Je t’ai oublié.

Fait comme si tu n’existais pas,

Comme si tu ne comptais pas.

Malgré toi.

Avec toi.

Avec toi, je veux pardonner, avancer, explorer, aimer, voyager, jouir, goûter, vivre, respirer, profiter, rire, danser, marcher, écrire, exprimer, accomplir.

Avec toi, je veux continuer.

Je veux t’aimer, toi et ta cellulite.

Tu es beau.

Tu es toi.

Tu es moi.

La Playlist de Ma Vie

Il y a des chansons qui ne nous quittent pas depuis qu’on est gamins et d’autres qu’on découvre plus tard et qui font écho à des étapes de notre vie.

Je ne vous ai pas encore beaucoup parlé de musique par ici, ci ce n’est de Janis Joplin et Patti Smith.

J’avais envie de rassembler les 30 chansons qui importent peut-être un peu plus que les autres. Si j’y passais des journées entières, cette playlist se compléterait sans cesse. Mais, voici un bon échantillon.

Je vous invite à écouter ces chansons sur la playlist que j’ai constitué pour l’occasion, c’est ici:

Pour danser :

Patrice – Music (c’est simple, il suffit des trois premières notes et je suis debout)

Christine and the Queens – Saint-Claude

La Femme – Où va le monde ?

Exotica – Une Miss s’immisce

Kenny Loggins – Footloose (quand ton lâché prise commence par tes pieds)

Pour soigner une rupture :

Ben Mazué – La résiliation (criant d’intelligence)

Brigitte – Palladium (j’attends, avec impatience, qu’une amie rompe afin de pouvoir partager cette chanson avec elle. Non, je ne suis pas cruelle)

Whitney Houston – It’s not right but it’s ok (bien évidemment si ton mec/ta meuf t’a trompé, menti et qu’il espère quand même que tu ne vas pas le jeter. C’est la chanson si tu as besoin de passer tes nerfs)

Pour dire je t’aime :

Otis Redding – Cigarettes and Coffee (la beauté, la simplicité, l’amour sans artifice)

Fauve – Kané (Aimer quelqu’un pour ses défauts)

Pour devenir parolière :

Etienne Daho – If (ou devenir poète)

Tim Dup – TER Centre

Pour quand on n’a pas trop le moral :

Etienne Daho – Le premier jour du reste de ta vie

Janis Joplin – Kozmic Blues (Janis, le remède ultime)

Her – Blossom Roses (nouvelle découverte qui ne quitte plus mes oreilles. Ce groupe, cette musique et je me laisse bercer)

Je ne fais aucun favoritisme pour Janis (quoi que) mais, c’est le seul disque que j’ai…

Pour quand tu aimerais que ta vie soit une série télé :

Woodkid – Run Boy Run (si tu es énervée et que comme dans une série tu aimerais l’être en courant à toute vitesse dans les rues d’une banlieue chic américaine. Mais au lieu de ça, tu fais le ménage. Mais, de manière très, très énergique)

Naughty Boy – Runnin’ (Loose It All) (c’est le moment crucial, tu es un tournant, entre flashback et moment crucial, celui déterminant qui va changer ta vie, tu l’as décidé rien ne sera plus comme avant)

Golden Boy & Miss Kittin – Rippin Kittin (J’aurais pu l’inscrire dans les musiques pour danser mais, j’imagine la scène de film, on entre dans la boîte de nuit, jeux de lumières, on focus sur une fille dans une robe un peu trop sexy qui chasse ses démons sur la piste de danse. Et puis, j’ai découvert cette chanson dans Big Little Lies, donc ça méritait sa place ici)

Pour les voyages en voiture :

Simon & Garfunkel – Cecilia

Brigitte Bardot – Moi je joue

Francis Cabrel – La Corrida

Georges Brassens – Brave Margot

Les titres cités sont un choix non-exhaustif parmi les artistes élus. En gros, l’intégralité de leur répertoire a accompagné nombres de voyages familiaux.

Pour faire l’amour :

Jane Birkin & Serge Gainsbourg – Je t’aime moi non plus

Marvin Gaye – Sexual Healing (so cliché)

Pour militer :

L’homme qui parle – La crise (les paroles se suffisent à elles-mêmes, non ?)

Bebe – Malo (bouleversante de vérité cette chanson qui dénonce les violences faites aux femmes. La voix de bebe et la musique te fera danser pour exprimer ta haine)

Michael Jackson – They Don’t Care About Us (la justesse)

Lesley Gore – You Don’t Own Me (la base. Des paroles si éloquentes)

Pour pleurer :

Léo Ferré – Avec le temps (à chaque fois, j’ai arrêté de lutter)

Jacques Brel – La Quête (depuis les funérailles de mon grand-père, le premier enterrement d’une personne proche de moi, je n’arrive plus à l’écouter sans pleurer. Mon grand-père, mon étoile)

De l’importance de s’aimer

Je succombe à cette mode-de-blogueuse-qui-s’y-croit pour vous livrer un billet d’humeur.

C’est habitée par cette énergie qui ne me quitte pas depuis hier soir – alors que j’ai facile 4-5h de sommeil dans les pattes – que j’ai envie de vous parler d’amitié.

Il est difficile de s’entourer de bonnes personnes, bienveillantes, encourageantes, aimantes, compréhensives et enthousiastes. Particulièrement, entre femmes. Je n’ai pas envie de faire une analyse politico-sociéto-militanto-féministe des raisons qui justifient ce triste constat car, je devrais faire davantage de recherches sur le sujet et je perdrais l’authenticité de vous faire un billet d’humeur, sur le moment, dans l’instant.

J’avais envie de vous parler d’amitié entre femmes.

Hier soir, autour de trop de bières et trop de cigarettes, avec mes amies nous n’avons pas refait le monde. Nous avons pris le temps de parler de nous, de chacune d’entre nous et de nos amies absentes. Sans jugement, ni critique. Seulement dans l’intérêt de l’autre, pour l’autre. Nous nous sommes complimentées, remises en questions, posées des questions, nous avons écouté, parlé. Vraiment parlé. Nous nous sommes dit les choses. Sans artifices, dans la brutalité de l’émotion et la douceur de la bienveillance. En partant du principe que nous avons chacune nos vies et que, toutes, nous suivons un chemin, certes différent mais, un chemin tout de même. Ce qui est important pour l’une mérite encouragements ou félicitations. On s’apporte toutes quelque chose, une écoute ou une perspective différente, la possibilité de voir les choses différemment. Sans obligations de suivre le conseil donné. On prend conscience que la vie de chacune ne nous appartient pas. C’est simplement un cadeau d’être invitée à en faire partie. Et, il faut le préserver.

On a trop souvent tendance à croire qu’on a le droit de donner son opinion. Et même si, souvent c’est vrai. On oublie qu’elle n’intéresse pas forcément la personne en face de soi. Partager son opinion, c’est attendre qu’on nous la demande. Et, là encore, il faut faire attention. Dans l’éventualité d’être présent tout simplement pour ses amies, il faut se rappeler que notre opinion n’est pas une injonction. Il n’y a rien qui fait plus mal qu’une amie qui te dit « tu vois, je te l’avais dit », ça n’aide personne.

On ne dit pas assez aux gens qu’on aime qu’on les aime, qu’on est fier d’eux, de ce qu’ils sont, de ce qu’ils font. On ne se félicite plus et ne s’encourage pas assez. Enfermés dans nos mondes individualistes, on ne se rend plus compte de l’importance de chacun.

Entre femmes, il est primordiale qu’on n’arrête de se basher. Surtout entre copines. Il n’y a pas de compétitions et nos différences de vies et de trajectoires font notre richesse. Le bonheur de l’une est le bonheur de l’autre. Le bonheur de se voir heureuse. De savoir l’autre heureuse. Et se réjouir ne veut pas dire qu’on souhaite la même chose, ni qu’on soit jalouse.

C’était si bénéfique de se parler sans tabous, dans le respect, l’amour, la compassion, l’empathie et la bienveillance. Le tout saupoudré d’humour et de légèreté.

Je sais que cette conversation, un peu insolite, représente complétement l’état d’esprit dans lequel je suis vis-à-vis de mes amies. C’est ce que je recherche. Ce dont j’ai besoin.

Sans tomber dans le discours Girl Power, les amies ça rend forte. Sans avoir refait le monde à coup de gorgées de bières et de lattes de cigarette, je le vois sous un autre angle aujourd’hui. Vous me direz que c’est probablement les effluves de l’alcool qui parle, et vous auriez peut-être raison, mais je me sens euphorique. Oui.

C’est pleine d’énergie, et d’amour aussi, que je suis rentrée chez moi. Malgré la petite nuit qui a suivie et le réveil qui piquait ce matin, je suis heureuse.

J’avais envie de vous dire merci (je sais qu’elles me lisent) et de transmettre ma bonne humeur.

Après tout, c’est ça un billet d’humeur, non ?!